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lante. Il tenait dans sa main son revolver. La clarté des étoiles y faisait jouer un reflet d’acier, que Blake ne pouvait manquer de percevoir si, par hasard, il ouvrait les yeux.

Mais le sommeil, à son tour, envahissait Philip, et désespérément il luttait pour se maintenir éveillé. Comme la nuit où il était tombé dans les mains de Bram Johnson, il cédait à la fatigue et au besoin de repos. À plusieurs reprises, il sentit que ses yeux se fermaient et ce ne fut pas sans de grands efforts qu’il parvint à les rouvrir.

Son projet avait été que le repos commun durerait deux ou trois heures. Deux heures s’étaientdéjà écoulées quand, pour la vingtième fois, il rouvrit brusquement ses paupières mi-closes. Il regarda Blake. Blake n’avait pas bougé ; sa tête pendait toujours en avant.

Alors, lent et irrésistible, l’épuisement du corps eut raison de la volonté de Philip. Il s’endormit. Mais, dans son sommeil même, sa subconscience lui criait qu’il ne devait pas dormir, le tourmentait pour qu’il s’éveillât, lui rappelait le danger qui veillait.

Cette voix intérieure finit par l’emporter. Ses paupières se séparèrent et la première sensation qu’il éprouva fut une satisfaction intense d’avoir vaincu le sommeil. D’eux-mêmes, ses yeux bouffis se portèrent vers Blake. Le monticule de neige était toujours à sa place. Toujours