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trahissait dans les plis de sa figure l’abattement physique qui s’emparait d’elle. Les chiens, après avoir peiné tout l’après-midi dans leurs traits, étaient maintenant exténués. Seul, Blake paraissait infatigable.

Vers six heures, les bois de sapins s’éclaircirent et le pays plat recommença. Il n’y avait plus que quelques arbres isolés, qui se disséminaient sur les rives du fleuve. La distance parcourue depuis le matin, en neuf heures de marche, ne pouvait pas être moindre de cinquante milles. Philip donna l’ordre de s’arrêter.

La halte se fit au milieu du fleuve. Le premier soin de Philip fut de lier à nouveau la main droite du bandit et ses deux pieds. Après quoi il l’adossa à un petit monticule de neige glacée, à une douzaine de pas du traîneau. Blake accepta ce traitement avec une indifférence apparente.

Puis, tandis que Célie faisait les cent pas pour ramener la circulation dans ses membres engourdis, il s’éloigna rapidement vers les sapins rabougris qui bordaient le fleuve et en revint avec une brassée de bois mort. Il en construisit un petit feu, aussi discret que possible et dissimulé en partie par le traîneau.

Dix minutes suffirent à cuire la viande du souper. Aussitôt Philip éteignit la flamme en piétinant dessus. Puis il donna la pâtée aux chiens et, à l’aide des peaux d’ours, installa, pour lui et