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surveillait la piste en arrière d’eux et observait si rien n’y apparaissait.

Trois quarts d’heure durant, ils allèrent ainsi, lorsque Blake, tout à coup, lança un commandement qui fit arrêter tous les chiens.

La caravane se trouvait alors sur une petite crête dominant une partie non boisée du Barren, au-delà de laquelle un autre petit bois dessinait sa ligne noire. Blake désigna du doigt les sapins, d’où s’élevait une sombre colonne de fumée résineuse.

« C’est à vous, dit-il froidement à Philip, de décider ce que vous voulez faire. Notre chemin traverse ces sapins, et vous voyez d’ici la fumée. Ils doivent être là une vingtaine d’Esquimaux, en train de se repaître de caribou. Si nous continuons à avancer, nous serons bientôt vus et les chiens, en tout état de cause, nous auront vite éventés. Le pays où nous entrons est un vrai coupe-gorge… Je vous préviens loyalement, car je ne veux pas recevoir la balle que vous m’avez promise. »

En parlant ainsi Blake paraissait sincère, et cependant il sembla à Philip qu’une arrière-pensée mauvaise passait dans son regard.

Blake se rapprocha d’un pas et poursuivit :

« Faites attention, Philip Brant ! Si vous persistez à vouloir aller où vous désirez, il y aura, d’ici la fin de la journée, deux cents Esquimaux