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curité qui n’était point encore dissipée. Pendant un temps assez long, il chemina vers l’Est et sentit à peine le poids du précieux fardeau qu’il emportait dans ses bras. Il parcourut ainsi près d’un mille, puis s’arrêta pour se reposer.

En murmurant, à voix basse, quelques mots à Célie, il s’assit sur un arbre renversé, qui formait une sorte de banc. Il vérifia si la peau d’ours qui l’enveloppait ne s’était pas desserrée et la protégeait bien contre le froid, lequel heureusement, demeurait supportable, aucun souffle de vent n’agitant l’air. Sa main rencontra les petits pieds nus. Célie tressaillit, puis se mit à rire. Il constata qu’ils étaient bien chauds et les emmitoufla soigneusement avant de reprendre sa route.

Après trois autres haltes, il rencontra un bouquet de sapins, dont les branches touffues ne laissaient pas la neige arriver jusqu’au sol. Il brisa quelques ramures et en fit un nid pour Célie, qu’il y déposa, et, dans cet abri, ils attendirent le jour. À travers le silence, ils prêtèrent l’oreille, épiant si quelque bruit ne venait pas jusqu’à eux. Ils saisirent l’écho lointain du hurlement plaintif d’un des loups de Bram, puis, à deux reprises différentes, l’écho d’une voix humaine. La main de Célie, la seconde fois, serra étroitement celle de Philip, pour lui dire qu’elle entendait, elle aussi.