Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Une décision, quoi qu’il en fût, était urgente à prendre. Il s’agissait non seulement de lui, mais de Célie, qui l’attendait sous son sapin, dans sa peau d’ours, d’où elle ne pouvait bouger. Sans son aide, elle mourrait. De son existence il était entièrement le maître. À moins d’enfoncer dans la neige ses jambes nues, l’infortunée ne pouvait faire un pas. Elle était maintenant, pour Philip, quelque chose de plus qu’une femme aimée, un tout petit enfant à porter dans les bras, à abriter de la froidure et du vent, tant qu’une goutte de sang coulerait dans ses veines d’homme. Pour elle il serait une mère, d’une mère il lui prodiguerait les soins, jusqu’à l’instant suprême où, vaincus, ils tomberaient tous deux. À moins qu’un miracle imprévu ne vînt les sauver… Elle lui appartenait, elle était son bien intégral, comme les étoiles appartiennent au ciel. Dans ses bras elle trouverait la vie ou la mort.

L’action, chez Philip, reprenait le dessus. Comme il s’en revenait vers Célie, une idée soudaine lui jaillit. Il existait une autre cabane. Celle qui était vide et devant laquelle il était passé, en compagnie de Bram. Là était le salut ! Elle ne devait guère se trouver à une distance supérieure à huit ou dix milles et il ne doutait pas de pouvoir la retrouver. L’espoir renaissait et, avec lui, la volonté de vaincre.

En approchant de Célie, Philip entendit la