Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Voyez ! dit-il. Oh, mon Dieu ! Voyez cela ! »

Sans qu’ils eussent, ni l’un ni l’autre, dans le silence pourtant immense de la cabane, perçu aucun bruit, Philip et Célie pouvaient voir, sur la neige souillée, le grand loup qui tout à l’heure rongeait son os, étendu tout de son long sur le sol, raide mort. Pas un muscle de son corps ne bougeait plus. Ses lèvres, contractées, découvraient ses mâchoires béantes et, sous sa tête, s’élargissait une flaque de sang.

Mais, plus encore que la mort soudaine de la bête, c’était l’arme dont elle avait été frappée qui bouleversait ainsi Philip. Une sorte de lance avait, de part en part, transpercé le loup !

Philip n’avait pas été long à reconnaître le harpon-narval, mince et effilé, le javelot redoutable qu’emploie un seul peuple dans le Northland : la tribu meurtrière, au visage noirâtre, des Kogmollocks, qui vit sur les bords du golfe du Couronnement et de la Terre Wollaston[1].

« Ôtez-vous de là, Célie ! cria-t-il. »

Et il l’entraîna loin de la fenêtre.

  1. Le golfe du Couronnement se trouve à l’extrême lisière Nord du Canada, au-delà du cercle arctique. Il fait partie des nombreux détroits de l’océan Glacial Arctique, qui relient la mer de Behring à la mer de Baffin, le Pacifique à l’Atlantique. La Terre Wollaston, immense île glacée, lui fait face vers le Pôle. (Note des Traducteurs.)