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Il gavait qu’il ne convient pas de s’efforcer à renverser le lynx sur le dos, comme on doit le faire avec un autre adversaire. Car le gros chat du Wild se bat des griffes plus encore que des crocs. Et ces griffes, coupantes comme autant de rasoirs, ont vite fait alors de lacérer le ventre de son ennemi et de lui ouvrir les entrailles.

Kazan, derrière lui, entendait Louve Grise, grièvement blessée, gémir et hurler lamentablement. Il tenta de renouveler son emprise mortelle à la gorge. Mais, cette fois encore, le coup rata et le lynx échappa à la mort, de moins d’un pouce. Kazan, pourtant, l’avait solidement saisi et il ne le lâcha plus.

Les deux bêtes demeurèrent étroitement aux prises. Les griffes du gros chat labouraient les côtes de Kazan, sans atteindre, heureusement, aucune partie vitale. Soudain, si exigu était l’espace où ils combattaient, les deux adversaires arrivèrent, sans qu’ils s’en rendissent compte, au bord du rocher et, brusquement, culbutèrent ensemble dans le vide.

Ce fut une chute de cinquante à soixante pieds, durant laquelle Kazan et le lynx tournèrent plusieurs fois sur eux-mêmes. Ils luttaient avec une telle rage que les crocs de Kazan ne perdirent point leur emprise et que le lynx continuait à jouer des pattes et des griffes.

Le heurt de leurs deux corps contre le sol fut si rude qu’il les sépara et les envoya rouler à une douzaine de pieds l’un de l’autre.

Kazan s’était aussitôt relevé et avait couru vers le lynx afin de reprendre la bataille. Mais le lynx gisait par terre, immobile et flasque, inondé du sang qui, à gros bouillons, ruisselait de sa gorge. Ce que voyant, prudemment il s’approcha, reniflant, et sur la défensive contre toute ruse éventuelle. Il put constater pourtant que la victoire lui restait et que le gros félin