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Le jour suivant, ni celui d’après, il n’alla point vers la cabane, quoi qu’il entendît la voix de Jeanne et celle de son mari, qui l’appelaient. Le quatrième jour seulement, il reparut et Jeanne lui fit grande fête, ainsi que le poupon qui, en babillant, lui envoya force coups de pieds, qu’il sentait à peine au travers de son épaisse fourrure.

— J’espère, dit le mari de Jeanne, que nous ne nous repentirons pas un jour de l’avoir emmené avec nous et que son instinct sauvage ne reprendra jamais le dessus. Mais je me demande comment tu t’habitueras, vieux diable à notre existence de là-bas. Cela va te changer fort des forêts où tu as toujours vécu.

— Je ne les regretterai pas moins, mes forêts, répondit Jeanne. Avec mon pauvre papa, j’y ai, moi aussi, si longtemps vécu ! C’est pour cela, sans doute, que j’aime tant mon bon vieux Kazan. Après toi et le bébé, c’est lui, je crois, que j’affectionne le plus sur la terre.

Quant à Kazan, plus encore qu’il ne l’avait déjà éprouvé, il sentit qu’un événement inconnu se préparait dans la cabane. Ce n’était, sur le sol, que paquets et ballots.

Toute la semaine, il en fut de même. Kazan en était à ce point agité que le mari de Jeanne ne put s’empêcher de remarquer, un soir :

— Je crois qu’il sait réellement. Il a compris que nous préparions notre départ. Mais quand pourrons-nous partir ? Le fleuve a recommencé hier à déborder et il est, pour l’instant, impossible d’y naviguer. Si l’inondation continue, nous serons encore ici dans huit jours, peut-être plus longtemps.

Quelques jours s’écoulèrent encore et le moment arriva où, durant la nuit, la pleine lune éclaira de son éblouissante clarté le sommet du Sun Rock. Louve Grise en profita pour effectuer, avec ses trois petits,