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mais il agitait sa queue, tout heureux de voir que la jeune femme lui parlait. Il en oubliait Louve Grise et sa rancune contre la cabane, et il alla se coucher tranquillement dans un coin.

Mais, lorsque Jeanne et l’enfant se furent endormis, quand le silence fut retombé dans la nuit, son malaise le reprit. Il se mit sur ses pattes et tourna furtivement tout autour de la chambre, reniflant les murs, la porte, et tous les objets empaquetés par Jeanne.

Il gémit. La jeune femme, à demi réveillée, l’entendit et murmura :

— Tiens-toi tranquille, Kazan ! Va dormir… Va dormir…

Alors il ne bougea plus et demeura immobile au milieu de la chambre, inquiet et écoutant. Et, à travers les murs de bûches de la cabane, il entendit une plainte lointaine qui venait faiblement jusqu’à lui. C’était le cri de Louve Grise. Ce cri différait toutefois de celui qu’il avait coutume d’ouïr. Ce n’était pas un appel de solitude. C’était tout autre chose.

Il courut vivement vers la porte close et se reprit à gémir. Mais Jeanne et l’enfant dormaient profondément et ne l’entendirent point.

Une fois encore le cri retentit et tout se tut à nouveau. Kazan s’étala devant la porte et y passa le reste de la nuit.

C’est là que Jeanne le trouva, tout alerté, lorsque le lendemain matin, de bonne heure, elle s’éveilla. Elle entr’ouvrit la porte et, en une seconde, il fut dehors. À toute volée, il s’élança vers le Sun Rock, dont le soleil levant teintait le faîte d’une lueur d’or.

Il y grimpa rapidement, par la piste étroite et raboteuse, et ne trouva point que Louve Grise fût venue au-devant de lui. Il atteignit la tanière et huma l’air, le dos hérissé