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taille, car leur pression sur sa poitrine le faisait trop souffrir.

Dans une obscurité presque complète, où tout était silence, la petite caravane, qui marchait toujours sous bois, avançait péniblement. Pierre tenait à la main sa boussole, qu’il consultait. Tard dans l’après-midi, les arbres devinrent plus rares et une nouvelle plaine apparut au-dessous des voyageurs, vers laquelle Pierre Radisson pointa sa main, tout joyeux. Mais sa voix était faible et rauque, lorsqu’il dit à Jeanne :

— Ici nous pouvons camper maintenant, en attendant que le blizzard s’apaise.

Sous l’épais abri d’un des derniers bouquets de sapins, il monta la tente, puis il ramassa du bois pour le feu. Jeanne l’aida dans cette besogne. Dès qu’ils eurent absorbé un repas composé de viande rôtie et de biscottes, et fait bouillir et bu le café, Jeanne épuisée se jeta sur un lit de branchages, étroitement enveloppée, avec bébé, dans les peaux et dans les couvertures. Elle n’avait pas eu même la force, ce soir-là, de donner à Kazan une bonne parole.

Pierre était demeuré, quelques instants encore, immobile à veiller près du feu, assis sur le traîneau. Soudain les yeux alertes de Kazan le virent tressaillir, puis se lever et se diriger vers la tente. Il écarta la toile qui en fermait l’entrée, et passa par la fente sa tête et ses épaules.

— Tu dors ? Jeanne… dit-il.

— Pas encore, père… Mais presque… Veux-tu bientôt, venir ?

— Oui. dès que j’aurai achevé ma pipe. Te sens-tu bien ?

— Pas mal… Très fatiguée seulement… et avec une grande envie de dormir…

Pierre eut un rire doux, tandis que sa gorge raclait.