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l’heure n’avait fait aucun mal à Kazan. Elle renifla le dos et la tête de son compagnon, là où la mitaine l’avait touché.

Puis, une fois encore, elle se sauva dans l’épaisseur du bois, en trottant dans les ténèbres. Car elle avait vu, sur la lisière de la plaine, que des mouvements suspects recommençaient.

L’homme revenait, et avec lui la jeune femme. Lorsqu’elle fut à portée de Kazan, celui-ci entendit derechef le timbre harmonieux et doux, et il éprouva comme une exhalaison de tendresse et de douceur qui émanait d’elle. Quant à l’homme, il se tenait visiblement sur ses gardes, mais n’était point menaçant. Il avertit la jeune femme :

— Jeanne, fais attention !

Elle s’agenouilla sur la neige, devant l’animal, hors de la portée de ses crocs. Puis elle lui parla, avec bonté :

— Viens, mon petit ! Allons, viens !

Elle tendait la main vers lui. Les muscles de Kazan se contractèrent. D’un pouce de deux pouces, il réussit à ramper vers elle. Dans les yeux qui le regardaient, il retrouvait l’ancienne clarté, et tout le clément et consolateur amour qu’il avait connu jadis, alors qu’une autre femme, avec des cheveux aussi beaux, des yeux aussi brillants, était entrée dans sa vie.

— Viens, murmurait-elle, tandis qu’il s’efforçait d’avancer.

Elle aussi avança un peu et, tendant davantage sa main, la lui posa sur la tête. Pierre s’était, à son tour, agenouillé près de Jeanne. Il offrait quelque chose, et Kazan flaira de la viande. Mais c’était la main de Jeanne qui, surtout, l’occupait. Sous sa caressante pression, il tremblait et semblait grelotter. Et, lorsque