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Ayant renouvelé huit fois la même opération, il s’en alla, un peu avant le coucher du soleil, mettre en place le poison. Il pendit à des buissons une partie des appâts et sema les autres sur diverses pistes de lapins et de caribous. Après quoi, il revint à sa pirogue et prépara le souper.

Le lendemain matin, il se réveilla de bonne heure et partit aussitôt, afin d’aller constater les effets de son stratagème.

Le premier appât qu’il releva était intact. Le second était tel également qu’il l’avait déposé. Le troisième avait disparu.

Sandy se frotta les mains et ne douta point que, dans un rayon de deux ou trois cents yards, il trouverait son gibier. Mais il fallut bientôt déchanter. Son regard s’étant porté à terre, une malédiction s’échappa de ses lèvres. Sous le buisson à une branche duquel il avait suspendu la capsule empoisonnée, celle-ci gisait sur le sol. La peau qui l’enveloppait avait été déroulée, mais la capsule même était intacte dans la graisse.

C’était la première fois que pareille aventure advenait à Sandy Mac Trigger. Si un renard ou un loup trouvaient un appât assez alléchant pour y toucher une fois, il s’ensuivait invariablement que l’appât était mangé. Le prospecteur d’or ignorait que Kazan était, de longue date, familiarisé avec toutes ces ruses, qu’il avait appris à connaître chez les hommes.

Il continua son chemin.

Le quatrième et le cinquième appât étaient à nouveau intacts. Le sixième avait été dépouillé comme le troisième et la poudre blanche était, cette fois, éparpillée sur le sol. Il en était de même des deux derniers. Il n’y avait aucun doute, au surplus, que ce travail ne fût l’œuvre des deux loups mystérieux, dont les huit pattes avaient laissé d’indiscutables empreintes.

L’exaspération de Mac Trigger en fut à son comble.