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qu’il venait, avec satisfaction, se mettre en boule entre les pattes de devant de son père et s’y endormir paisiblement.

La première fois où il agit ainsi, Kazan parut fort interloqué. Il ne remua pas, d’une demi-heure, et Louve Grise vint, tout heureuse, lécher le petit fuyard.

À dix jours, Bari découvrit la notion du jeu et que c’était un sport sans pareil de tirer après lui un débris de peau de lapin.

Tout ceci se passait encore dans le home obscur du creux de l’arbre. Jusqu’au moment où le louveteau apprit à connaître ce qu’étaient la lumière et le soleil. Ce fut par une belle après-midi. Par un trou qui était percé dans l’écorce de l’arbre, un rayon resplendissant se fraya son chemin et vint tomber sur le sol, à côté de Bari. Bari commença par fixer, avec étonnement, la traînée d’or. Puis, bientôt, il s’essaya à jouer avec elle, comme il avait fait avec la peau de lapin. Il ne comprit pas pourquoi il ne pouvait point s’en saisir ; mais, dès lors, il connut ce qu’étaient la lumière et le soleil.

Les jours suivants, il alla vers l’ouverture de la tanière, où il voyait luire cette même clarté, et, les yeux éblouis et clignotants, se coucha, apeuré, sur le seuil du vaste monde qu’il avait devant lui.

Louve Grise qui, durant tout ce temps, l’avait observé, cessa dès lors de le retenir dans l’arbre. Elle même s′alla coucher au soleil et appela son fils vers elle. Les faibles yeux du louveteau s’accoutumèrent peu à peu à la clarté solaire, que Bari apprit à aimer. Il aima la tiédeur de l’air, la douceur de la vie, et n’eut plus que répulsion pour les obscures ténèbres de l’antre où il était né.

Il ne tarda pas non plus à connaître que tout dans l’univers, n’était pas doux et bon. Un jour où un