Page:Curie - Recherches sur les substances radioactives, 1904.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
RECHERCHES SUR LES SUBSTANCES RADIOACTIVES.

dû à l’action des rayons α les plus absorbables du radium.

On peut imaginer que l’apparition d’un des points lumineux sur l’écran phosphorescent est provoquée par le choc d’un projectile isolé. Dans cette manière de voir, on aurait affaire, pour la première fois, à un phénomène permettant de distinguer l’action individuelle d’une particule dont les dimensions sont du même ordre de grandeur que celles d’un atome.

L’aspect des points lumineux est le même que celui des étoiles ou des objets ultra-microscopiques fortement éclairés qui ne produisent pas sur la rétine des images nettes, mais des taches de diffraction ; et ceci est bien en accord avec la conception que chaque point lumineux extrêmement petit est produit par le choc d’un seul atome.

Les rayons pénétrants non déviables γ semblent être de tout autre nature et semblent analogues aux rayons Röntgen. Rien ne prouve, d’ailleurs, que des rayons peu pénétrants de même nature ne puissent exister dans le rayonnement du radium, car ils pourraient être masqués par le rayonnement corpusculaire.

On vient de voir combien le rayonnement des corps radioactifs est un phénomène complexe. Les difficultés de son étude viennent s’augmenter par cette circonstance, qu’il y a lieu de rechercher si ce rayonnement éprouve de la part de la matière une absorption sélective seulement, ou bien aussi une transformation plus ou moins profonde.

On ne sait encore que peu de choses relativement à cette question. Toutefois, si l’on admet que le rayonnement du radium comporte à la fois des rayons genre cathodique et des rayons genre Röntgen, on peut s’attendre à ce que ce rayonnement éprouve des transformations en traversant les écrans. On sait, en effet : 1° que les rayons cathodiques qui sortent du tube de Crookes à travers une fenêtre d’aluminium (expérience de Lenard) sont fortement