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des expériences directes dans lesquelles l’oxygène traverse un tube ozonisateur avant d’arriver dans le flacon ont établi qu’il faut 24 heures pour tuer une souris, alors que la richesse en ozone dans l’espace clos est constamment supérieure à 2 pour 100, c’est-à-dire 20 fois plus grande que dans nos recherches sur l’action de l’émanation.

Lésions observées chez les animaux. — La lésion dominante consiste en une congestion pulmonaire intense. À l’œil nu, les poumons apparaissent à leur face externe ponctués de taches rouges séparées par des espaces rosés. Au microscope, on observe une dilatation considérable des vaisseaux et des capillaires et quelques petites vésicules d’emphysème. Toutefois, il n’existe pas d’hémorragies interstitielles ou alvéolaires ; l’épithélium des alvéoles et des bronches est intact.

Le sang subit des modifications qui portent surtout sur les leucocytes, dont le nombre est très diminué ; toutefois le pourcentage des diverses variétés de leucocytes n’est guère modifié. Ces leucocytes détruits se retrouvent dans les macrophages de la rate.

Il n’existe pas d’altérations microscopiques grossières au niveau du foie, des reins et du cerveau, en dehors d’une congestion assez marquée.

La rigidité cadavérique débute au moment même de la mort, et le cœur est en systole.

Radioactivité des tissus de l’organisme. — Les animaux qui ont succombé à l’action des émanations ont des tissus radioactifs. Le corps d’un cobaye, placé sur une plaque photographique entourée de papier noir, a donné une image sur laquelle les poils sont indiqués avec une grande netteté.

Nous avons recherché, 3 heures après la mort, par la méthode photographique, la radioactivité des divers tissus de l’organisme ; tous sont radioactifs, mais à des degrés variables. La radioactivité atteint son maximum avec les poils ; la peau rasée est peu radioactive, l’œil également. L’intensité est à peu près égale pour le rein, le cœur, le foie, la rate et le cerveau ; elle est, chose curieuse, beaucoup plus grande pour les capsules surrénales, et surtout pour le poumon.