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deuxième vase on place une ampoule de verre qui contient une substance inactive quelconque, par exemple du chlorure de baryum. La température de chaque enceinte est indiquée par un thermomètre dont le réservoir est placé au voisinage immédiat de l’ampoule. L’ouverture des isolateurs est fermée par du coton. Dans ces conditions, le thermomètre qui se trouve dans le même vase que le radium indique constamment une température supérieure de 3° à celle indiquée par l’autre thermomètre.

On peut évaluer la quantité de chaleur dégagée par le radium à l’aide du calorimètre à glace de Bunsen. En plaçant dans le calorimètre une ampoule de verre qui contient le sel de radium, on constate un apport continu de chaleur qui s’arrête dès que l’on éloigne le radium. La mesure faite avec un sel de radium préparé depuis longtemps montre que chaque gramme de radium dégage 80 cal pendant chaque heure. Le radium dégage donc pendant chaque heure une quantité de chaleur suffisante pour fondre son poids de glace. Cependant le sel de radium utilisé semble toujours dans le même état, et du reste aucune réaction chimique ordinaire ne pourrait être invoquée pour expliquer un pareil dégagement continu de chaleur.

On constate encore qu’un sel de radium qui vient d’être préparé dégage une quantité de chaleur relativement faible. La chaleur dégagée en un temps donné augmente ensuite continuellement et tend vers une valeur déterminée qui n’est pas encore tout à fait atteinte au bout d’un mois.

Quand on dissout dans l’eau un sel de radium et que l’on enferme la solution dans un tube scellé, la quantité de chaleur dégagée par la solution est d’abord faible ; elle augmente ensuite et tend à devenir constante au bout d’un mois. Quand l’état limite est atteint, le sel de radium enfermé en tube scellé dégage la même quantité de chaleur à l’état solide et à l’état de dissolution. On peut encore évaluer la chaleur dégagée par le radium à diverses températures en l’utilisant pour faire bouillir un gaz liquéfié et en mesurant le volume du gaz qui se dégage. On peut faire l’expérience avec le chlorure de méthyle (−21°).

L’expérience a été faite aussi par M. le professeur Dewar et par moi avec l’oxygène liquide (à −180°) et l’hydrogène liquide (à −252°). Ce dernier corps convient particulièrement bien pour