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une lame d’aluminium de quelques centièmes de millimètre d’épaisseur les absorbe presque complètement. Ils sont aussi absorbés par l’air, et ne peuvent pénétrer dans l’air à la pression atmosphérique à une distance supérieure à 10 cm. Les rayons α forment la partie la plus importante du rayonnement du radium, si l’on convient de mesurer le rayonnement par la grandeur de l’ionisation qu’il produit dans l’air.

Les rayons α sont très peu déviés par les champs électriques et magnétiques les plus intenses, et on les a d’abord considérés comme étant des rayons non déviables sous cette action. Cependant, indépendamment de l’action du champ magnétique, les lois de l’absorption des rayons α par des écrans superposés permettaient déjà d’en faire un groupe à part et de les distinguer nettement des rayons de Rœntgen. En traversant des écrans successifs, les rayons α deviennent en effet de moins en moins pénétrants, tandis que dans les mêmes conditions le pouvoir pénétrant des rayons de Rœntgen va en augmentant. Il semble que l’on puisse assimiler un rayon α à un projectile dont l’énergie diminue à la traversée de chaque écran. Un écran donné absorbe aussi beaucoup plus fortement les rayons α quand il est placé loin du radium, que quand il est placé tout contre le radium.

M. Strutt a fait la supposition que les rayons α sont analogues aux rayons canaux des tubes à vide. M. Rutherford a réussi à mettre en évidence l’action du champ magnétique sur les rayons α du radium et à faire une première mesure de la déviation. M. Becquerel a confirmé les résultats obtenus par M. Rutherford et a donné une nouvelle mesure du phénomène. M. des Coudres a fait une mesure de la déviation électrique et de la déviation magnétique des rayons α en opérant dans le vide.

Il résulte de ces recherches que les rayons α se comportent comme des projectiles animés d’une grande vitesse et chargés d’électricité positive. La déviation dans un champ magnétique et dans un champ électrique se fait en sens inverse de celle qui aurait lieu pour les rayons cathodiques.

Les rayons α forment un groupe qui semble homogène, ils sont tous déviés de la même façon par le champ magnétique et ne donnent pas alors un spectre étalé comme les rayons β. Les for-