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actif dont le rayonnement a été étudié le plus complètement. On sait aujourd’hui que le radium émet un ensemble de rayons de natures différentes qui peuvent être compris dans trois groupes. Suivant la notation adoptée par M. Rutherford, je désignerai ces trois groupes de rayons par les lettres α, β, γ.

L’action du champ magnétique permet de les distinguer. Dans un champ magnétique intense, les rayons α sont légèrement déviés de leur trajet rectiligne, et la déviation se fait de la même manière que pour les rayons canaux de M. Goldstein dans les tubes à vide ; au contraire les rayons β sont déviés comme les rayons cathodiques, et les rayons γ ne sont pas déviés et se comportent comme les rayons de Rœntgen.

Rayons β. — Les rayons β du radium, analogues aux rayons cathodiques, forment un groupe hétérogène ; ils se distinguent les uns des autres par leur pouvoir pénétrant et par la déviation qu’ils éprouvent dans un champ magnétique.

Certains rayons β sont absorbés par une lame d’aluminium de quelques centièmes de millimètre d’épaisseur, tandis que d’autres traversent en se diffusant plusieurs millimètres de plomb.

Supposons que l’on ait réalisé un faisceau rectiligne de rayons de Becquerel au moyen d’une parcelle de sel de radium et d’un écran percé d’un trou. Si l’on fait naître un champ magnétique uniforme normal à la direction du faisceau, les rayons β s’incurvent et décrivent des trajectoires circulaires dans un plan normal à la direction du champ magnétique. Les rayons des circonférences décrites varient dans des limites étendues. M. Becquerel a montré que les rayons les plus pénétrants sont ceux qui sont le moins déviés et qui, par conséquent, décrivent des circonférences dont le rayon de courbure est le plus grand. En recevant le faisceau des rayons β dévié par le champ magnétique sur une plaque photographique, on obtient sur celle-ci une impression qui constitue un véritable spectre dans lequel les divers rayons β manifestent leur action séparément.

On peut supposer que les rayons β sont constitués par des projectiles (électrons), chargés d’électricité négative et lancés à partir du radium avec une grande vitesse. Soit alors m la masse d’un projectile, e sa charge, v sa vitesse initiale, ρ le rayon de courbure