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du plomb ; d’après les publications qui ont paru jusqu’ici je n’ai pu me faire une opinion sur la nature de cette substance.

On peut se demander si la radioactivité est une propriété générale de la matière. Cette question ne peut actuellement être considérée comme résolue. Les recherches de Mme Curie ont prouvé que les diverses substances connues ne possèdent pas de radioactivité atomique qui atteigne le centième de la radioactivité de l’uranium et du thorium. D’autre part, certaines réactions chimiques peuvent donner naissance à la création d’ions conducteurs de l’électricité sans que la substance active présente le caractère de radioactivité atomique. C’est ainsi que le phosphore blanc en s’oxydant rend l’air qui l’entoure conducteur de l’électricité, tandis que le phosphore ronge et les phosphates ne se montrent nullement radioactifs.

Des expériences déjà anciennes (Russel, Colson, Lengyel) montrent que certains corps agissent à la longue sur les plaques photographiques. Il est possible qu’une partie de ces phénomènes soit due à la radioactivité, mais on n’a à ce sujet aucune certitude. Des travaux récents (Mac Lennan et Burton, Strutt, Lester Cooke) conduiraient pourtant à supposer que la radioactivité appartient à toutes les substances à un degré extrêmement faible. L’identité de ces phénomènes très faibles avec les phénomènes de radioactivité atomique ne peut encore être considérée comme certaine.

Radium. — De toutes les substances fortement radioactives, le radium est la seule pour laquelle on ait réussi à prouver qu’elle constitue un élément nouveau. Le radium possède un spectre caractéristique dont la découverte et la première étude sont dues à Demarçay, et qui a été étudié depuis par MM. Runge et Precht et par Sir W. Crookes. Le radium est un élément qui vient se placer dans la série des métaux alcalino-terreux à la suite du baryum ; son poids atomique déterminé par Mme Curie est égal à 225.

Le radium a été retiré jusqu’à présent d’un résidu de la fabrication qui a pour but d’extraire l’urane de son minerai (la pechblende). Ce résidu contient par tonne 0,2 g à 0,3 g de radium. On commence par extraire de 1 t de résidu 10 kg à 15 kg de sel de baryum radifère, d’où l’on retire ensuite le sel de radium par des cristallisations fractionnées (avec le chlorure ou le bromure), les cristaux