Page:Curie - Œuvres de Pierre Curie, 1908.djvu/437

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à résoudre d’une très grande importance étant donné le caractère atomique de la radioactivité ordinaire. M. Debierne a su aborder cette question et lui faire faire un grand pas en utilisant le chlorure de baryum activé par l’actinium dont nous venons de parler.

Le baryum activé possède en partie, mais en partie seulement, les propriétés du radium.

Le baryum activé reste actif après diverses transformations chimiques ; son activité est donc une propriété atomique. Le chlorure de baryum activé se fractionne comme du chlorure de baryum radifère, les parties les plus actives étant les moins solubles dans l’eau et l’acide chlorhydrique. M. Debierne a ainsi obtenu par fractionnement des produits 1000 fois plus actifs que l’uranium ordinaire. Le chlorure sec est spontanément lumineux. Il émet des rayons semblables aux rayons du radium. Ces rayons sont déviés dans le champ magnétique et provoquent la fluorescence.

Cependant ce baryum activé se distingue du radium en ce qu’il ne possède pas le spectre du radium ; à cette différence fondamentale vient s’en joindre une autre : l’activité du produit diminue avec le temps comme pour toutes les substances activées et, au bout de trois semaines, l’activité est trois fois plus faible qu’au début et continue à décroître.

M. Debierne obtient donc ainsi une substance qui a des propriétés intermédiaires entre celles du baryum et celles du radium.

Les résultats obtenus par M. Debierne sont très suggestifs au point de vue des idées que l’on peut se faire sur la nature des éléments chimiques.

Malheureusement, l’actinium qui sert dans ces recherches est encore plus rare que le radium dans les minerais d’urane, et la séparation en est encore plus pénible. Pour obtenir la petite quantité de thorium à actinium très actif dont il s’est servi, M. Debierne a utilisé les produits provenant d’une tonne de résidu d’urane dans le traitement dont nous avons parlé plus haut.

Dissémination des poussières radioactives. — Lorsque l’on fait des études sur les substances fortement radioactives, il est nécessaire de prendre des précautions particulières si l’on veut pouvoir continuer à faire des mesures délicates. Les divers objets employés