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Les rayons du polonium sont très intenses, mais très peu pénétrants ; ils n’agissent pas dans l’air au delà d’une distance de quelques centimètres, et un écran solide même très mince n’en laisse passer qu’une très faible partie.

Le rayonnement du radium comporte à la fois des rayons peu pénétrants et des rayons très pénétrants. Ces derniers sont capables de traverser plusieurs centimètres de métal ; ils peuvent aussi se propager dans l’air à plus de 1 m de distance du radium. Pour ces rayons pénétrants, le plomb, le platine sont les corps les plus opaques ; l’aluminium, le verre, la paraffine sont relativement transparents.

L’action photographique des nouvelles substances est extrêmement rapide à petite distance. À grande distance on peut obtenir des radiographies avec le radium avec un temps de pose suffisant. On peut, par exemple, obtenir la radiographie d’une boîte de compas, d’un porte-monnaie, en utilisant quelques centigrammes de chlorure de baryum radifère placés dans une ampoule de verre. En opérant à 20 cm de distance, quelques heures de pose sont nécessaires ; en opérant à 1 m de distance il faut une pose de quelques jours, mais les images sont alors très fines.

Le rayonnement des sels de baryum radifères augmente avec le temps à partir du moment où on les a préparés à l’état solide. Ce rayonnement semble tendre toutefois vers une certaine limite. Ce phénomène d’augmentation du rayonnement est particulièrement intense avec le chlorure de baryum radifère[1]. Quand on évapore à sec une solution de chlorure de baryum radifère, l’activité du produit sec augmente d’abord très rapidement, puis plus lentement, et devient quatre ou cinq fois plus forte que l’activité initiale. Voici, par exemple, les activités que nous avons obtenues avec un produit faiblement actif (activité initiale 95 fois celle de l’uranium ordinaire) : activité initiale 95, après 1 jour 120, après 2 jours 165, après 3 jours 210, après 9 jours 310, après 24 jours 381, après 300 jours 410. Quand on dissout du chlorure actif et qu’on le sèche de nouveau, l’activité initiale obtenue, immédiatement après dessèchement, est d’autant plus faible que le sel est resté plus

  1. Ces phénomènes ont été décrits tout d’abord par M. Giesel (Wied. Ann., t. LXIX, 1899, p. 91).