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grammes de matière première quelques décigrammes de produits qui sont prodigieusement actifs par rapport au minerai dont ils proviennent. Il est bien évident que l’ensemble de ce travail est long, pénible et coûteux[1].

M. Giesel, à Brunswick, est aussi parvenu à préparer des produits de bismuth à polonium et de baryum radifère déjà très actifs.

D’après les recherches toutes récentes de MM. Debierne, Giesel, Crookes, Becquerel[2], on peut, à la suite de certains traitements, extraire des sels d’urane une très petite quantité d’une substance très active, qui contient probablement de l’actinium. L’uranium ainsi purifié est moins actif qu’auparavant et peut-être même pourra-t-on faire disparaître ainsi toute sa radioactivité. L’uranium ne serait plus alors un élément radioactif. Ce fait, s’il était démontré, ne serait pas cependant en contradiction avec l’idée que la radioactivité est une propriété atomique ; seulement, c’est à l’actinium qu’il faudrait reporter la propriété attribuée à l’uranium. S’il est difficile d’obtenir de l’uranium exempt d’actinium, alors on comprend que l’uranium doit avoir l’apparence d’un élément atomiquement radioactif. Le raisonnement qui a conduit à la découverte des nouvelles substances radioactives conserve sa validité.

Spectre du radium. — Il était de première importance de contrôler par tous les moyens possibles l’hypothèse, faite dans ce travail, de l’existence d’éléments nouveaux radioactifs. L’analyse spectrale a, dans le cas du radium, confirmé d’une façon complète cette hypothèse.

  1. Nous avons de nombreuses obligations et des remerciments à adresser à tous ceux qui nous sont venus en aide dans ce travail. Le Gouvernement autrichien a mis gracieusement à notre disposition la première tonne de résidu traitée (provenant de l’usine de l’État, de Joachimsthal en Bohème). L’Académie des Sciences de Paris, la Société d’Encouragement pour l’Industrie nationale, un donateur anonyme nous ont fourni les moyens de faire traiter une certaine quantité de produit. Notre excellent ami M. Debierne a établi une méthode très avantageuse pour le traitement du résidu et a organisé ce traitement, qui a été effectué dans l’usine de la Société centrale de Produits chimiques. Cette Société a consenti à effectuer le traitement et une partie des fractionnements dans des conditions onéreuses pour elle.

    À tous nous adressons nos remerciments bien sincères.

  2. Giesel, Berichte der chem. Gesell., juin 1900 ; Crookes, Proc. roy. Soc., mai 1900 ; Becquerel, Comptes rendus, juin et juillet 1900.