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Substances radioactives. — Il était naturel de se demander si d’autres corps que les composés d’urane émettent des rayons de Becquerel. M. Schmidt examina à cet effet beaucoup de substances et trouva qu’il existe un autre groupe de corps radioactifs, à savoir les composés du thorium[1]. L’un de nous a fait en même temps un travail analogue, dont les résultats ont été publiés quand nous ne connaissions pas encore le travail de M. Schmidt. Dans ce travail, divers composés de presque tous les corps simples actuellement connus ont été passés en revue ; les composés du thorium se sont montrés radioactifs.

Ce travail a établi que la radioactivité des composés d’urane et de thorium est une propriété atomique. Elle semble liée à la matière qui en est douée et ne peut être détruite ni par un changement d’état physique, ni par une transformation chimique. Les combinaisons chimiques ou les mélanges contenant de l’uranium et du thorium sont, en première approximation, d’autant plus actifs qu’ils contiennent une plus forte proportion de ces métaux ; toute matière inactive ajoutée diminue l’activité, agissant à la fois comme matière inerte et comme matière absorbante.

La radioactivité des composés du thorium est du même ordre de grandeur que celle des composés d’urane ; les oxydes des deux métaux ont une activité très analogue.

La radioactivité atomique est-elle un phénomène général ? Il semble peu probable que cette propriété appartienne à une certaine espèce de matière à l’exclusion de toute autre. Cependant nos mesures permettent de dire que, pour les éléments actuellement considérés comme tels, y compris les plus rares et les plus hypothétiques, l’activité, si elle existe, est au moins 100 fois plus faible que pour l’uranium métallique dans notre appareil à plateaux.

Chaque élément a été examiné, quand c’était possible, dans diverses combinaisons chimiques. Ont figuré dans l’étude :

1° Tous les métaux et métalloïdes que l’on trouve facilement et quelques-uns des plus rares, produits purs provenant de la collection de M. Étard ;

2° Les corps rares suivants : gallium, germanium, néodyme,

  1. Schmidt, Wied. Ann., t. LXV, 1898, p. 141.