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monium, ni par l’ammoniaque ; le sulfate est insoluble dans l’eau et dans les acides ; le carbonate est insoluble dans l’eau ; le chlorure, très soluble dans l’eau, est insoluble dans l’acide chlorhydrique concentré et dans l’alcool. Enfin cette substance donne le spectre du baryum, facile à reconnaître.

Nous croyons néanmoins que cette substance, quoique constituée en majeure partie par le baryum, contient en plus un élément nouveau qui lui communique la radioactivité et qui, d’ailleurs, est très voisin du baryum par ses propriétés chimiques.

Voici les raisons qui plaident en faveur de cette manière de voir :


1° Le baryum et ses composés ne sont pas d’ordinaire radioactifs ; or, l’un de nous a montré que la radioactivité semblait être une propriété atomique, persistant dans tous les états chimiques et physiques de la matière[1]. Dans cette manière de voir, la radioactivité de notre substance n’étant pas due au baryum doit être attribuée à un autre élément.

2° Les premières substances que nous avons obtenues avaient, à l’état de chlorure hydraté, une radioactivité 60 fois plus forte que celle de l’uranium métallique (l’intensité radioactive étant évaluée par la grandeur de la conductibilité de l’air dans notre appareil à plateaux). En dissolvant ces chlorures dans l’eau et en en précipitant une partie par l’alcool, la partie précipitée est bien plus active que la partie restée dissoute. On peut, en se basant sur ce fait, opérer une série de fractionnements permettant d’obtenir des chlorures de plus en plus actifs. Nous avons obtenu ainsi des chlorures ayant une activité 900 fois plus grande que celle de l’uranium. Nous avons été arrêtés par le manque de substance, et, d’après la marche des opérations, il est à prévoir que l’activité aurait encore beaucoup augmenté, si nous avions pu continuer. Ces faits peuvent s’expliquer par la présence d’un élément radioactif, dont le chlorure serait moins soluble dans l’eau alcoolisée que celui de baryum.

3° M. Demarçay a bien voulu examiner le spectre de notre substance, avec une obligeance dont nous ne saurions trop le remercier. Les résultats de son examen sont exposés dans une Note

  1. Mme P. Curie, Comptes rendus, t. CXXVI, p. 1101.