Page:Cugoano, Réflexions sur la traite et l'esclavage des Nègres, Royez, 1788.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
et l’esclavage des Nègres.

maître s’apperçut que je savais un peu écrire, il m’envoya à l’école pour m’instruire plus vîte et plus aisément. Depuis ce tems-là, je me suis efforcé d’améliorer mon esprit, par la lecture, et j’ai tâché d’acquérir par elle, toute l’intelligence possible, sur moi, sur l’état de mes frères et de mes compatriotes, et sur la malheureuse situation des Nègres barbarement vendus, et tenus illicitement dans l’esclavage. Mais aucune considération ne peut m’empècher, avant de détailler mes observations, de rendre graces au Dieu tout-puissant. Quoique j’aie été apporté de mon pays natal, dans le torrent du brigandage et de la méchanceté, je remercie Dieu des bienfaits que sa providence a versés sur moi ; j’ai obtenu ma liberté, je sais lire et écrire, j’ai acquis quelque savoir, et ce qui est au-dessus de tous ces avantages, je connais celui qui est Dieu, qui par sa pro-