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individu. Cependant tous ceux qui dérivent de notre premier principe ont d’abord été accomplis volontairement dans un but déterminé, soit pour échapper à quelque danger, soit pour soulager quelque douleur ou pour satisfaire quelque désir. Par exemple on ne peut guère mettre en doute que les animaux qui se défendent avec leurs dents et qui ont l’habitude de coucher leurs oreilles en arrière lorsqu’ils sont irrités, ne tiennent ce geste de leurs ancêtres qui se comportaient ainsi volontairement pour préserver ces organes des coups de leurs antagonistes ; en effet les animaux qui ne se battent pas à coup de dents n’expriment pas leur irritation de cette manière. Il est de même très probable que nous tenons de nos ancêtres l’habitude de contracter nos muscles périoculaires, lorsque nous pleurons doucement, c’est-à-dire sans pousser des cris ; et cela parce que nos ancêtres ont éprouvé quand ils pleuraient, surtout pendant leur enfance, une sensation désagréable dans leurs globes oculaires. Certains mouvements extrêmement expressifs résultent aussi quelquefois des efforts que l’on fait pour en réprimer ou pour en prévenir d’autres ; ainsi l’obliquité des sourcils et l’abaissement des coins de la bouche sont la suite des efforts tentés pour prévenir un accès de pleurs ou pour l’arrêter s’il a déjà commencé. Il est évident qu’alors la conscience de l’acte accompli et la volonté sont tout d’abord mises en jeu, ce qui ne veut pas dire que, dans ces cas ni dans d’autres analogues, nous sachions quels sont les muscles qui sont mis en action, pas plus que quand nous accomplissons volontairement les mouvements usuels.

Quant aux mouvements expressifs dus au prin-