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DARWIN

tuels qu’ils se reproduisent toutes les fois qu’apparaissent ce désir ou cette sensation, même à un très faible degré, et alors même que leur utilité devient ou nulle ou très contestable. Notre second principe est celui de l’antithèse. Un usage constant, durant notre vie entière, a affermi en nous l’habitude d’exécuter volontairement des mouvements opposés sous l’influence d’impulsions qui sont elles-mêmes opposées. En conséquence, par cela seul que certains actes ont été accomplis régulièrement, en vertu de notre premier principe, dans un état d’esprit déterminé, une tendance involontaire, irrésistible, à l’accomplissement d’actes absolument contraires doit se produire sous l’empire d’un état d’esprit inverse, indépendamment d’ailleurs du plus ou moins d’utilité qui peut en résulter pour l’individu. Enfin le troisième principe est celui de l’action directe sur l’économie des excitations du système nerveux, action tout à fait indépendante de la volonté, et même en grande partie indépendante de l’habitude. L’expérience montre qu’une certaine quantité de force nerveuse est engendrée et mise en liberté toutes les fois que le système cérébro-spinal est excité. La voie que suit cette force est nécessairement déterminée par la série des connexions qui relient les cellules nerveuses, soit entre elles, soit avec les autres parties du corps. Mais cette direction est aussi fortement influencée par l’habitude ; cela revient à dire que la force nerveuse prend volontiers les voies qu’elle a déjà fréquemment parcourues…

Assurément tout n’est pas ainsi expliqué ; toutefois les trois principes précédents rendent compte suffisamment d’un si grand nombre de mouvements et