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choix, elles sont à même de choisir le mâle qui leur convient. Il semble d’ailleurs que, dans un grand nombre de cas, les circonstances tendent à rendre la lutte entre les mâles extrêmement vive. Ainsi chez les oiseaux migrateurs les mâles arrivent ordinairement avant les femelles dans les localités où doit se faire la reproduction de l’espèce ; il en résulte qu’un grand nombre de mâles sont tout prêts à se disputer les femelles… En somme il n’est pas douteux que, chez presque tous les animaux à sexes séparés, il y a une lutte périodique et constante entre les mâles pour la possession des femelles.

Il y a cependant un point important qui mérite toute notre attention. Comment se fait-il que les mâles qui l’emportent sur les autres dans la lutte ou ceux que préfèrent les femelles laissent plus de descendants possédant comme eux une certaine supériorité, que les mâles vaincus et moins attrayants ? Sans cette condition la sélection sexuelle serait impuissante à perfectionner et à augmenter les caractères qui donnent à certains mâles un avantage sur d’autres. Lorsque les sexes existent en nombre absolument égal, les mâles les moins bien doués trouvent en définitive des femelles (sauf là où règne la polygamie) et laissent autant de descendants, aussi bien adaptés pour les besoins de l’existence que les mâles les mieux partagés. J’avais autrefois conclu de divers faits et de certaines considérations que, chez la plupart des animaux à caractères sexuels secondaires bien développés, le nombre des mâles excédait de beaucoup celui des femelles ; mais il ne semble pas que cette hypothèse soit complètement exacte. Si les mâles étaient aux femelles comme deux est à un,