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que j’en aperçois les points faibles. La faculté qui permet de suivre une longue et abstraite suite de pensées est chez moi très limitée, je n’aurais jamais réussi en mathématiques ou en métaphysique. Ma mémoire est étendue, mais brumeuse, elle suffit pour m’avertir vaguement que j’ai lu ou observé quelque chose d’opposé ou de favorable à la conclusion que je tire. Au bout de quelques instants je me rappelle où je dois chercher mes indications. Ma mémoire laisse tellement à désirer, dans un sens, que je n’ai jamais pu me rappeler plus de quelques jours une simple date ou une ligne de poésie.

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Mes habitudes sont méthodiques, ce qui a été nécessaire à la direction de mon travail. Enfin j’ai eu beaucoup de loisir, n’ayant pas eu à gagner mon pain. Bien que la maladie ait annihilé plusieurs années de ma vie, elle m’a préservé des distractions et des amusements de la société.

Mon succès comme homme de science, à quelque degré qu’il se soit élevé, a donc été déterminé, autant que je puis en juger, par des qualités et conditions mentales complexes et diverses. Parmi celles-ci les plus importantes ont été l’amour de la science, une patience sans limites pour réfléchir sur un sujet quelconque, l’ingéniosité à réunir les faits et à les observer, une dose moyenne d’invention aussi bien que de sens commun. Avec les capacités modérées que je possède, il est vraiment surprenant que j’aie pu influencer à un degré considérable la croyance des savants sur quelques points importants.

(Autobiographie.)