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DARWIN

absolu du mot, et celle de l’adaptation au milieu, ou progrès relatif. Si l’on se place au point de vue absolu, le progrès est un avancement dans le sens de l’idéal. Par exemple, on peut concevoir un progrès scientifique. L’idéal étant ici de tout savoir, celui-là est en progrès dans cet ordre qui diminue ses ignorances, acquiert de la méthode et accumule des connaissances véritables. Le progrès relatif est tout autre chose. C’est le changement qui permet tout simplement, et de vivre, et de mieux vivre dans un milieu défini. D’un mot, c’est l’adaptation à des conditions nouvelles de vie : une plante qui s’acclimate à un nouveau milieu où elle a été transportée, un civilisé qui modifie ses habitudes au point de pouvoir vivre et prospérer parmi des sauvages peuvent être dits en progrès relatif, c’est-à-dire par rapport à leur habitat. Or, cela est visible, si dans certains cas le progrès absolu et le progrès relatif coïncident, il en est d’autres où ils ne s’accordent pas. Dans une île exposée à des vents violents perpétuels, c’est pour certains insectes un progrès relatif de n’avoir pas d’ailes alors qu’ils en ont de fort utiles sur le continent. Dans une atmosphère belliqueuse c’est, pour une nation entourée de peuples armés jusqu’aux dents, un progrès relatif de s’armer pour éviter