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LA PHILOSOPHIE

l’Œnotera lamarckiana, là où l’on assiste à l’apparition incontestable d’un type de végétal nouveau, ce n’est pas à une somme de petits changements qu’elle est due, mais à une mutation brusque et importante. S’il en est ainsi, le point de vue de Darwin n’est pas tout-à-fait exact.

Aussi bien une autre question surgit-elle plus grave encore : petite ou grande, la variation dont le Darwinien fait état, chez qui se produit-elle ? Chez un seul individu ou chez plusieurs ? Si elle n’apparaît que chez un seul individu, celui-ci ne peut donc s’accoupler qu’avec d’autres individus qui ne la possèdent pas. Alors pourquoi se conserve-t-elle héréditairement au lieu d’être noyée dans la masse des individus du type commun ? Pas d’éleveur ici qui intervienne et veille aux accouplements. Et si elle apparaît chez une quantité d’individus à la fois, encore faut-il expliquer d’où vient qu’elle se produise comme on le suppose chez une pluralité d’individus. Car c’est là que réside alors le secret de la formation d’un type nouveau et non pas dans la sélection.

Ajoutons que, comme nous l’observions plus haut, dire que chaque variation est le fruit du hasard, c’est ne rien dire du tout. Car cela signifie