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cendance. Comment s’étonner donc que, dans chaque milieu, seul existe, dure et se multiplie ce qui semble avoir été fait spécialement pour lui ?

Derrière la finalité apparente qui lie les vivants à leur milieu, le Darwinisme permet donc de supposer un simple jeu automatique de la variabilité, de l’hérédité et de la concurrence vitale, assurant l’élimination des inaptes, la conservation des suffisamment aptes et la multiplication triomphale des mieux aptes.

Là réside sans doute la principale des raisons pour lesquelles la doctrine de Darwin a tant irrité les esprits religieux. Fournir la possibilité d’une explication purement scientifique de la finalité apparente chez les êtres vivants, n’était-ce pas ruiner en partie l’argument traditionnel de ceux qui trouvent la preuve de l’existence d’une Providence, dans la réalité des causes finales ? Darwin procure aux successeurs de d’Holbach ce qu’il faut pour échapper à Voltaire.

Ce n’est certes pas ce que Darwin avait cherché. Ses vues sont exclusivement scientifiques et il ne se pose point en adversaire de la foi religieuse. Son seul souci est de probité scientifique. Il l’est au point que Darwin s’interdit les généralisations hâtives dont ses successeurs ont usé