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occupations. Mais, quand on se laisse aller à cette tentation, on fait preuve d’une certaine naïveté. Ceux des ancêtres des individus actuels qui, par leur forme, leur couleur, leur allure tranchaient le plus sur leur habitat ont, en effet, été aperçus les premiers de leurs ennemis et ont été détruits. Les autres seuls se sont trouvés conservés. La sélection se faisant toujours dans le même sens, comment donc s’étonner que subsistent seuls des individus construits comme s’ils avaient été combinés pour échapper le mieux possible dans leur milieu spécial ?

Voilà un type d’explication bien fait pour réjouir certains philosophes. Il ne permet pas seulement de comprendre en effet comment l’évolution des espèces a pu et dû se poursuivre, mais aussi comment la Nature présente les aspects de finalité qu’on y remarque. Chose capitale pour toute une école philosophique.

Et, en effet, depuis que certains groupes de philosophes s’inspirent des sciences et de leurs méthodes, leur préoccupation constante est de substituer aux suppositions finalistes des théories entièrement mécanistes des phénomènes constatés. L’atomisme antique est déjà animé de cet esprit. Les naturalismes modernes le sont plus nettement encore. Or on le voit clairement