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capitales. L’éleveur ne crée pas de toutes pièces les particularités nouvelles qu’il semble produire. Il profite simplement dans ses opérations de deux lois de la nature dont son succès même prouve l’existence incontestable.

La première est la loi de la variabilité. On peut la formuler ainsi dans une espèce donnée, les jeunes qui naissent ne sont jamais ni identiques à leurs parents ni identiques entre eux. Autrement dit : il y a toujours des différences natives entre les individus quels qu’ils soient et quel que soit leur type. C’est une chose tout à fait évidente puisque, étant donné la différence des sexes, un jeune ne pourrait être identique qu’à son père ou à sa mère mais certainement pas aux deux à la fois. Et c’est une chose expérimentalement visible puisque un œil exercé saura toujours reconnaître deux jeunes l’un de l’autre quelles que soient les analogies qu’ils peuvent présenter. Il n’y a pas, disait Leibniz, deux feuilles identiques dans une forêt. Il n’y a pas davantage deux jeunes identiques si pareils qu’ils puissent être. Aussi bien si tous les jeunes ne différaient pas les uns des autres, l’élevage par sélection artificielle serait-il impossible. Si tous les jeunes pigeons avaient le bec également droit, l’éleveur pourrait-il découvrir