Page:Cresson - Darwin - sa vie, son œuvre, sa philosophie, 1956.pdf/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’avait, reconnaît-il, que des capacités très modérées. Son exemple montrerait aux caractérologues que le génie n’est pas nécessairement lié à l’état d’une ou plusieurs capacités. Son génie se présente comme un certain rapport de l’observation et de la théorie. Pour être bon observateur, il faut être bon théoricien : mais la théorie chez lui est beaucoup moins le produit d’une capacité particulière de l’imagination que l’utilisation admirable des principes généraux de la logique. On n’a pas assez remarqué l’importance dans toute l’œuvre de Darwin des principes logiques, non seulement principe de causalité, mais surtout principe de continuité et principe des indiscernables : avec lui l’application des principes de la logique devient inventive et créatrice dans le domaine de la biologie. Darwin les utilise de telle manière qu’ils sont constitutifs de la réalité biologique. On remarquera à cet égard que dans l’Origine des espèces aucune dérivation d’une espèce particulière n’est discutée. D’autre part l’expérience devient chez lui la recherche d’un domaine, domaine d’application des principes, domaine qui peut dès lors être irréel et fait exprès, au moins par jeu. Des instruments extrêmement rudimentaires lui suffisaient, lui-même se déclarait toujours prêt