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velle de la nature, de la vie et de l’amour. Elle l’avait senti déjà, même avant ses fiançailles.

« Trop de contemplation intérieure dans le Nord, écrivait-elle de Naples. Trop de rêves lourds sous notre ciel gris ! C’est de l’Italien du Sud qu’il faut apprendre à vivre, il le sait. Ah ! Capri, ses petits jardins pleins de roses, et le soir, les joyeux chants d’amour des joueurs de mandoline ! »

Et elle rappelait les paroles de son amie Sophie Kovalevski : « Qui n’a pas connu l’Italie n’est que la moitié d’un être humain. »

Charlotte écrivait en 1889 :

« Je n’ai jamais tant vécu que dans ces six mois. Je ne croyais pas possible de trouver en moi une telle richesse de vie nouvelle. C’est une joie indescriptible de vivre ici dans ce perpétuel soleil, avec cette vue sublime sur la mer et le ciel ! Je n’y puis croire quand on m’écrit de chez moi, me parlant de l’obscurité profonde. Moi qui adore la nature, j’en jouis à toute minute ; l’Italie a gagné mon cœur à tel point que je crois que je ne pourrais plus jamais vivre heureuse dans le Nord.

« J’ai en moi toute la richesse du bonheur le plus parfait, le plus accompli. Il me semble que j’ai reçu du ciel un don si immense qu’aucun être humain que je connaisse n’en a jamais reçu un pareil ! »