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public lettré, s’éprenait bientôt de l’étrangère.

Son drame était traduit par le célèbre poète napolitain Salvatore di Giacomo, sous ce titre : Come si fa il bene. Et Benedetto Croce écrivait, pour lui servir de préface, une très intéressante étude sur Anna-Carlotta.

Dans cette préface, où il esquisse un tableau de la littérature Scandinave contemporaine, l’éminent critique italien observe combien les problèmes moraux et sociaux soulevés par Anne-Charlotte, et en général par les écrivains du Nord, dépassent en intérêt et en portée l’éternelle histoire d’adultère dont vivent ces temps derniers le théâtre et le roman latin. Il observe avec raison que la « littérature d’idées » trouve en pays Scandinave un immense public, puisque tout drame d’Ibsen était à l’avance assuré de quarante mille lecteurs ; puisque les écrivains sont classifîés làbas d’après les idées qu’ils soutiennent, comme s’ils étaient des philosophes ou des hommes politiques ! Et le critique réfute avec force les objections des partisans de « l’art pour l’art ».

Sans doute il ne faut pas qu’en un roman ou un drame s’introduisent tout à coup des dissertations philosophiques ; mais l’idée, la thèse, si on veut ainsi l’appeler, peut être le postulat de l’œuvre d’art. Sur cette base, une action peut s’édifier, vivante. « L’art moderne peut et doit être imprégné de tous les problèmes qui agitent