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filles bourgeoises ou nobles dans les administrations, les universités, les banques, commençait au moment où Anne-Charlotte écrivait ses nouvelles, mais elle rencontrait de vives résistances. Les « demoiselles pauvres » gardant une fausse et triste élégance étaient légion ; et leur misère intellectuelle, leur état d’éternelle enfance, est peint avec infiniment de clairvoyance dans la nouvelle que nous citons.

Incapables de pourvoir par elles-mêmes aux besoins de la famille, les femmes mettent tout leur espoir dans le frère Gustave, depuis trente ans coadjuteur dans une paroisse de la banlieue de Stockholm. Il approche de la soixantaine. Obtiendra-t-il enfin le pastorat ? Il le faudrait bien, car à la mort de sa mère il devra se charger des sœurs.

Mais Gustave, bon fils et brave prêtre, est inintelligent et maladroit. Chaque fois qu’un pastorat a été vacant, il a fait quelque fausse démarche qui rendait sa nomination impossible.

Cette fois n’a-t-il pas été prêcher violemment contre les piétistes, alors que les plus importants de ses paroissiens font partie de la secte nouvelle ! Il se vante de cet exploit auprès de sa famille, et se vante également d’avoir, en visitant une prison, mis tant d’éloquence à faire honte de sa faute à un criminel que celui-ci s’est pendu la nuit suivante !