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cinq ans, gardant des prétentions avec ses joues rondes et roses, ses petits pieds gracieux, peignant à l’aquarelle des cartes pour un libraire. Amélie, qui fait de la broderie en couleur pour la société Les Amis du Travail, et se croit bien supérieure à cause de l’art avec lequel elle assortit les soies, à sa sœur aînée, Hilda, qui fait de la broderie blanche.

— Hilda n’a jamais eu la moindre fantaisie dans l’esprit, disent les sœurs.

Et celle-ci, âgée de soixante ans, muette travailleuse obstinée, qui, par sa ténacité sans repos, gagne plus que les deux autres, est la seule de cette famille qui ait une vue de la vie, qui sente la misère de ces petits travaux de femmes du* monde, inutiles et dérisoirement payés. Elle seule s’écriera, quand on parlera des prétentions des femmes nouvelles à travailler comme les hommes :

— Elles ont bien raison ! il faut que les femmes apprennent à être utiles, et à se rendre indépendantes !

Mais ces mots tomberont dans la désapprobation générale, et la mère et les filles, dans leur chambre délabrée, s’applaudiront de n’avoir jamais « travaillé au dehors », de n’être pas sorties seules, d’être restées des dames dans leur pauvreté.

La réaction hardie par le travail, l’entrée des