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La fraction féministe intransigeante, sectaire, avait une toute autre allure. Il nous est difficile de nous en faire une idée, car nous ne trouvons en pays latin rien d’analogue à ce petit groupe. Nous sommes obligés, pour comprendre son esprit, de nous représenter la population si nombreuse de célibataires féminines qui, en pays Scandinave comme en pays saxon, a fini par constituer une sorte de troisième sexe : celui des abeilles ouvrières de la ruche.

En Suède, vers 1880, les féministes, d’esprit luthérien, de mœurs austères, s’habillant de costumes masculinisés, envahissant les bureaux et les banques, revendiquant l’égalité absolue avec l’homme, prenaient des airs de congrégation protestante et déclaraient la guerre à l’amour.

Et qu’on ne se hâte pas de sourire ! Cette « Armée du Salut féminin » a eu une sérieuse influence en Suède. Nous la rencontrerons en retraçant la vie d’Anne-Charlotte Leffler, et surtout celle d’Ellen Key.

Le groupe morigène les femmes vraiment supérieures qui s’éloignent de son catéchisme, il obtient des victoires par son acharnement, et il sauve, en tous cas, par ses excès même, l’ensemble des féministes de tout soupçon d’immoralité.

Il nous fallait parler de ces divers états d’es-