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Quant à l’attention qu’attira son article, George fut cruellement désappointé. Il attendait avec impatience les journaux quotidiens dans lesquels on donne généralement un compte rendu des matières contenues dans les périodiques et il espérait au moins un article de chacun.

Dans le premier qu’il prit, après une notice fort bien faite sur des articles d’écrivains connus, il trouva ligne suivante :

« M.  George Winton Wood expose dans ce numéro ses idées sur la critique. »

C’était tout. Pas d’observation, pas une allusion au contenu de l’article, rien pour rompre la glaciale ironie de cet énoncé. Il pesa longtemps les mots, puis jeta le journal au panier. Le soir, il trouva un autre journal.

« Un auteur inconnu donne un article sur la critique, » disait l’oracle sans autre commentaire.

C’était, s’il est possible, pire encore. George aurait bien écrit au directeur pour demander que son nom fût mentionné, mais c’était assez difficile, car il avait fait des comptes rendus pour ce même journal pendant les deux dernières années et était bien connu dans les bureaux. La troisième observation se trouvait dans une de ces macédoines d’esprit publiées sous le titre de « Causerie. »

« À propos, demandait le journaliste, quel est ce M.  George Winton Wood ? Et pourquoi en veut-il tant aux critiques ? Ils n’ont pourtant jamais parlé de lui. »

Une demi-douzaine d’observations semblables eurent pour effet de refroidir considérablement les espérances de renommée de George. Elles lui firent probablement du bien… Il s’était jusque-là imaginé qu’en travaillant à des revues bibliographiques il avait connu ce qu’il y avait de plus