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ancienne façon de faire, ils seraient dans la nécessité de ne plus le charger des comptes rendus de livres.

Il alla chez un autre journaliste, le seul qu’il connût un peu intimement, un jeune homme énergique et travailleur infatigable qui avait obtenu toutes sortes de distinctions dans les universités d’Angleterre et d’Allemagne, un critique de véritable talent qui s’était rapidement élevé à sa position actuelle par son incontestable supériorité. George J aimait et l’admirait. Ne travaillant pas dans un grand journal’, ses appointements n’étaient pas brillants ; il s’arrangeait cependant avec ce qu’il gagnait pour soutenir sa mère et deux jeunes sœurs.

« Voyez-vous, Wood, lui dit-il, la critique n’est pas dans votre nature. Essayez autre chose, écrivez un article.

— C’est ce que tout le monde me dit, répondit George, sans m’indiquer la manière de faire accepter mes articles. Avez-vous une recette, Johnson ? »

« Le jeune journaliste ne répondit pas tout de suite.

« Je ne peux pas promettre beaucoup, dit-il enfin, mais voici ce que je ferai pour vous. Si vous voulez écrire un article ou une histoire courte — mettons de cinq à huit mille mots — je lirai votre manuscrit et vous donnerai mon opinion sincère. Si votre travail me paraît bon, je le recommanderai, et il pourra passer quelque part. S’il ne me plaît pas, je vous le dirai et ne ferai rien. Il faudra essayer de nouveau. Je vous le répète, vous êtes à mon avis plutôt un auteur qu’un critique.

— Merci, » dit George avec reconnaissance.

Il savait ce que valait la promesse d’un homme