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puleusement gardé le secret à l’égard du testament.

D’ailleurs, le sentiment d’honneur de M. Trimm se trouvait satisfait du changement survenu dans les dernières volontés de son beau-frère. De telles dispositions existent beaucoup plus souvent chez les Américains que ne le pense la philosophie européenne. Pour elle, nous sommes une nation d’hommes d’affaires, mais elle oublie généralement, que nous ne sommes pas une nation de boutiquiers, et que, si nous estimons autant un négociant qu’un soldat ou un avocat, c’est que nous savons par expérience que les mains qui manient l’argent doivent rester aussi nettes que celles qui tirent le sabre ou tiennent, la plume. Chez les races fortes, l’homme ennoblit le métier, et le métier ne dégrade pas l’homme. Si Thomas Craik était malhonnête, Jonah Wood et Sherrington Trimm étaient tous deux des hommes d’honneur à toute épreuve. Il n’était pas au pouvoir de Jonah Wood de rentrer dans tout ce qui lui avait été pris par des pratiques échappant à la justice, les lois existantes n’ayant pas prévu de semblables cas, pas plus qu’il ne pouvait être dans les desseins de Sherrington Trim de peser sur la conscience de Tom Craik dans l’intérêt poétique d’une réparation. Mais l’honorabilité de Trimm était assez désintéressée pour qu’il se réjouit à la perspective de voir l’argent volé rendu à son propriétaire, au lieu d’être donné à sa femme, et la noblesse de son caractère était telle, que, même si sa situation personnelle eût été moins florissante, il eût éprouvé la même satisfaction de cet acte.

Totty pensait fort différemment sur tout cela. L’amour de l’argent — qui, dans l’acception américaine, signifie essentiellement l’amour de ce que