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Il avait eu la tentation de demander des nouvelles, parce qu’il espérait sincèrement que le vieillard en était à son dernier soupir, et même qu’il comprendrait que cette démarche était dictée par tout autre chose que de l’affection, s’imaginant, de plus, et non sans plaisir, que cette pensée remplirait de remords les derniers moments du moribond. Il n’y avait rien là de contraire aux sentiments de George qui, cependant, eût rougi de honte à l’idée qu’il devait être mal compris, et que ce qui avait l’intention d’être un suprême reproche dût être récompensé par une fortune splendide. Très probablement aussi, il y avait au fond de cet acte un sentiment de contradiction dont il ne se rendait pas bien compte lui-même. Il n’aimait pas les conseils et Constance Fearing avait paru très désireuse qu’il ne fît pas ce qu’il avait annoncé. Très jeune encore, il lui semblait absurde qu’une jeune fille qu’il connaissait à peine, et qu’il n’avait vue que deux fois, vînt se mettre en travers de sa volonté.

Enfin, quoi qu’il en fût, George Wood se sentait dans une disposition toute nouvelle en sonnant à la porte de Tom Craik. Son cœur battait avec une agréable vivacité et son esprit était extraordinairement net.

En rentrant, il trouva son père en train de lire devant le feu.

« Ne peux-tu fermer cette porte, George ? » dit Jonah Wood sans lever les yeux de dessus son livre et sans remuer un muscle.

George fit ce que lui demandait son père et s’approcha lentement. Il resta un moment immobile devant la cheminée, les mains étendues vers la flamme.

« Tom Craik est mourant, » dit-il enfin en regardant son père.