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gna. Après la manifestation d’énergie qu’il venait de constater il sentait qu’il était impossible de se prononcer. Les nerfs de Tom Craik pouvaient après tout prendre le dessus et il n’était pas impossible qu’il se rétablît. M.  Trimm plia le testament avec soin, le mit dans une enveloppe, et le serra dans sa poche. Puis il se prépara à dire adieu et alla toucher doucement la main du malade.

« Bonsoir, Tom, dit-il en se penchant vers son beau-frère, de reviendrai demain matin prendre de vos nouvelles. »

Craik ouvrit les yeux.

« Avant ma mort ne dites à personne ce que j’ai fait, » répondit-il tout bas. Bonsoir. »

M.  Trimm n’avait nulle intention de divulguer le contenu du testament. C’était un homme très fin, n’ayant jamais négligé ses intérêts, mais aussi scrupuleusement honnête, non seulement de cette honnêteté professionnelle qui n’est qu’intelligente, mais encore dans toutes ses pensées, même les plus intimes. Cette nouvelle disposition testamentaire était loin de lui être agréable. Lui et sa femme, il est vrai, étant déjà très riches, n’avaient nul besoin de l’argent de Craik ; mais il est également certain que depuis plusieurs années ils s’étaient attendus avec confiance à hériter de la fortune du vieillard. Trimm avait rédigé lui-même le testament par lequel sa femme était instituée légataire universel de ce que possédait Craik. Il y avait bien un beau legs en faveur de ce même George Winton Wood, mais tout le reste devait revenir à Totty. Et Trimm venait de voir que pendant les dernières minutes de sa vie, le vieillard avait, d’un trait de plume, changé l’aspect de l’avenir. Il savait que le testateur était en pleine possession de