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fallait lire, digérer, et dont il fallait parler. George fit un rapide calcul. Il fallait qu’il en fît deux par jour, le vendredi, le samedi, et le dimanche, afin de se garder la marge du lundi matin en cas d’accidents. Six volumes, six cents mots, ou plutôt une demi-colonne du journal. Cela représentait cinq dollars, car ce travail était bien payé, comme exigeant du jugement et du goût. Il n’y avait, dans ce tas de reliures éclatantes, rien d’important, rien qui justifiât un article sérieux, et rien que George se souciât de lire deux fois. Néanmoins les exigences de la librairie devaient être satisfaites, les notices devaient paraître et les rédacteurs en chef des journaux devaient trouver des personnes désireuses et capables d’écrire ces notices à des prix variant de cinquante cents à un dollar le volume.

Là n’était pas la difficulté, car George savait qu’il y avait des douzaines de vieilles filles mourant d’inanition et de jeunes gens affamés qui auraient fait cette besogne pour moins et l’auraient peut-être faite aussi bien que lui. Il n’était pas non plus disposé à discuter les conditions qui lui laissaient un temps si court pour l’accomplissement d’une pareille tâche. Au contraire, il considérait cette fournée de publications avec une grande satisfaction, car la régularité avec laquelle de semblables paquets étaient arrivés pendant les quelques derniers mois était une preuve qu’il faisait bien et lui donnait l’espoir que, dans le cours de l’année suivante, on pourrait lui confier des travaux plus importants. Une ou deux fois déjà on lui avait donné des instructions pour écrire une colonne, et c’étaient là des jours marqués de blanc dans ses souvenirs. Il sentait qu’avec un engagement permanent de produire une colonne par se-