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— Je viens de terminer il y a une demi-heure.

— Eh bien ! tu as les nerfs diablement solides, » dit le vieillard en relevant machinalement son livre.

Puis, comme s’il voulait faire une concession aux circonstances une fois dans sa vie, il le ferma avec un claquement solennel et le posa près de lui.

« George, mon garçon, dit-il d’un ton pénétré, tu es immensément riche. T’en rends-tu bien compte ?

— J’ai aussi immensément faim, dit George en riant.

— À propos, répondit son père, j’ai pensé que nous devions faire quelque chose pour célébrer cet événement et je suis allé chercher chez Delmonico une couple de canvasbacks et une bouteille de bon vin. Il était un peu tard quand je suis rentré ;… bien fâché de te faire attendre, mon cher enfant.

— Fâché ! s’écria George. Quelle idée d’être fâché de quelque chose quand il y a des canvasbacks et du champagne dans la maison. Pauvre cher vieux père, je te revaudrai cela, va !

— Un bon plat vaut un festin, observa Jonah Wood avec une grande gravité.

— Et quel fameux festin nous allons faire !… Père, tu es déjà mieux. Je t’ai entendu rire aujourd’hui comme tu riais quand j’étais enfant.

— Un peu de prospérité nous fera du bien à tous les deux, dit le vieillard qui s’animait rapidement.

— Je te l’ai dit, reprit George, j’ai fini mon livre et tu n’as rien à faire ici. Faisons nos malles et partons pour Paris.

— Si tu veux. Je serais très heureux de revoir Paris. À propos, George, ton cœur ne paraît pas t’occuper pour le moment.