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cependant l’accomplissement de mon désir dépend beaucoup de l’argent et de très peu d’autre chose. »

Constance lança un regard furtif sur son visiteur, assis devant elle les mains croisées, paraissant contempler ses chaussures. Il avait parlé très tranquillement, mais son ton marquait un profond dédain, soit pour lui même, soit pour la richesse qu’il était assez faible pour désirer. Constance sentait qu’elle était en présence d’une nature qu’elle ne comprenait pas, mais qui, jusqu’à un certain point, l’intéressait et l’attirait. Il est très difficile à ceux qui possèdent tout ce que peut donner la fortune, et qui ont toujours possédé cette fortune, de comprendre l’effet de la pauvreté sur une nature délicate. Constance n’avait, en réalité, aucune idée de la situation de fortune de George Wood. Il pouvait être véritablement pauvre ou seulement dans une position relativement médiocre. Et c’est vers cette dernière hypothèse qu’elle inclinait en partie, parce qu’il n’avait pas cet air malheureux qu’on suppose appartenir à un homme pauvre, et en partie à cause de son empressement à parler de ce qu’il désirait. Une personne d’intuitions moins fines eût été probablement repoussée par ce qu’elle aurait pu prendre pour du mécontentement vulgaire ou de la cupidité. Mais Constance avait plus de délicatesse dans ses observations. Elle comprenait instinctivement que George n’était pas ce qu’il affectait d’être, qu’il n’était ni faible, ni égoïste, ni paresseux. Elle ne répondit cependant pas à ses dernières paroles, et il y eut un silence de quelques instants.

Alors George se mit à parler du retour de Constance à New-York et tomba dans la conversation