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l’acte, qu’il eut ensuite déposé dans un endroit où sa sœur n’aurait pas eu la facilité d’entrer. Mais sa colère avait été tout de suite éveillée par la certitude que Totty avait compris que sa générosité dissimulait la restitution d’un bien mal acquis. George ne pouvait concevoir tout cela, et avait redouté que, si on laissait le vieillard vis-à-vis de l’objet de sa colère, il ne fît quelque mai irréparable, et, à en juger par l'expression des yeux de Craik, George n’était nullement certain que toute cette affaire ne lui eût finalement dérangé le cerveau.

Une semblable crainte était peu fondée, comme George s’en fût assuré, s’il avait suivi Craik et vu combien il se repentait d’avoir compromis sa santé par un moment d’emportement. Une heure plus tard il était couché et son docteur favori était près de lui, écoutant ses pulsations et se préparant à livrer bataille à la première attaque.

George lui-même restait très ému de ce qui s’était passé. Il conservait un profond sentiment de mépris pour Totty. Elle l’avait trompé de tomes les façons et sa vanité en souffrait. En dehors de cela, il n’éprouvait qu’une sensation de soulagement d’avoir été dégagé de sa promesse après avoir fait de son mieux pour agir honnêtement. Il se rendait bien compte, maintenant, que ce qu’il avait éprouvé pour Mamie n’aurait jamais pu, même avec le temps, se changer en véritable amour et que, si ses yeux avaient été charmés et son intelligence satisfaite, son cœur n’avait jamais été touché. Cependant, si des doutes sur Mamie elle-même se présentaient à son esprit, il les chassait résolument, et en jugeant d’après ses propres sentiments, il pensait qu’elle ne tarderait pas à se remettre de son désappointement. S’il était trou-