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— Oui… quand il ne s’y trouve pas de véritable amour, répondit Grâce. Et la meilleure preuve qu’il n’y en avait pas dans le vôtre, c’est que vous êtes prêt à l’avouer. Qu’est-ce qui vous faisait croire que vous l’aimiez tant ? Comment vous est-il arrivé de vous tromper à ce point ?

— Je ne saurais le dire au juste. Cela a commencé petit à petit. Elle s’intéressait à moi. Elle était bonne pour moi, alors que je ne trouvais guère de bonté de la part des autres…

— Et pas du tout de moi, pauvre ami, interrompit Grâce.

— Surtout de vous. C’était elle qui me pressait toujours d’écrire un livre quand je ne m’en croyais pas capable ; ce fut à elle que je dus de faire mon premier roman : ce fut elle qui s’en empara et le fit publier, malgré mes protestations… Je lui dois beaucoup plus que je ne pourrai jamais espérer lui rendre quand je posséderais tous les moyens de témoigner ma reconnaissance. Je l’aimais pour sa bonté et elle appréciait mon dévouement,… peut-être ma soumission, car j’étais soumis dans ce temps-là. Je n’avais pas appris à marcher seul, et si elle l’avait voulu, j’aurais continué à me laisser conduire par ses lisières jusqu’à la fin de ma vie.

— Comme c’est touchant ! » s’écria Grâce.

Et elle accompagna ces paroles d’un éclat de rire, le premier dont elle eut été capable depuis trois mois.

« Non, ne riez pas, dit George sérieusement. Je lui dois la plus loyal amitié et la plus sincère gratitude qu’un homme puisse avoir pour une femme dont il n’est pas amoureux. Mais tout est fini maintenant, je n’ai plus éprouvé aucune émotion en la revoyant, depuis que nous nous sommes